La première rencontre avec l’islam. Jean Damascène et le débat sur le Coran

Conférence de Georges Leroux

Professeur émérite au Département de philosophie de l’UQAM

Organisée par la Faculté de philosophie et de la Chaire La philosophie dans le monde actuel

Date et lieu

mardi 21 octobre 2014, 19h30Auditorium du Pavillon La Laurentienne (salle 1334), Université Laval

Les textes de Jean Damascène, en dépit de leur caractère déjà profondément polémique, maintiennent ouvert un espace de discussion théologique avec l’islam et témoignent de la qualité de la rencontre entre l’islam et le christianisme à Damas dans la première décennie suivant la conquête. – Georges Leroux –

Résumé

George Leroux résume le propos de sa conférence dans les termes suivants : « Un des premiers témoignages relatifs à la rencontre de l’islam et du christianisme nous est fourni par les écrits de Jean Damascène (676-749). Dans ces écrits, nous trouvons en effet une description de la doctrine de l’islam, telle qu’elle apparut aux intellectuels chrétiens de Damas après la conquête de la ville en 636. Dans cet exposé, je présente d’abord le contexte historique de cette rencontre. La ville de Damas était un haut lieu de la théologie chrétienne, et les liens avec la capitale byzantine étaient à la fois intimes et tendus, notamment sur la question du culte des images. Pour apprécier le contexte de la rencontre avec le premier islam, il est donc important de comprendre comment des penseurs comme Jean Damascène, qui soutenait le culte des icônes, ont réagi à l’iconoclasme islamique. Cette question fait partie de l’ensemble des conditions de réception de l’islam à Damas. Après une décennie de relative harmonie, l’évolution du califat de Damas montre une croissance de la répression et une élimination progressive des chrétiens des fonctions administratives.

Dans la seconde partie de cet exposé, je présente la vie et l’œuvre de Jean Damascène. Je discute également les sources anciennes de sa biographie et je porte un intérêt particulier à son éducation, qui montre une ouverture importante à l’étude du Coran et de la langue arabe. Je présente enfin les textes du dossier islamique, en particulier le chapitre 100 du De heresibus, une compilation qui appartient au grand ouvrage, la Source de la connaissance.

Dans la troisième partie, je propose une introduction aux thèmes essentiels de la polémique avec l’islam, notamment la question de savoir si l’islam est une hérésie du christianisme. Passant en revue les critiques de Jean Damascène, je m’intéresse d’abord aux questions relatives à l’authenticité de la révélation faite à Mahomet et à la vérité de son témoignage. Je conclus sur les questions théologiques de la divinité du verbe et la question de la prophétologie comparée de Jésus et de Mahomet. Les textes de Jean Damascène, en dépit de leur caractère déjà profondément polémique, maintiennent ouvert un espace de discussion théologique avec l’islam et témoignent de la qualité de la rencontre entre l’islam et le christianisme à Damas dans la première décennie suivant la conquête ».

Conférencier(s)

Conférencier très recherché, Georges Leroux, qui a été reçu à l’Académie des Lettres du Québec dès 2003, s’est mérité le Grand Prix du livre de Montréal, en même temps que le Prix 2007 de la revue Études françaises, pour son livre Partita pour Glenn Gould (Presses de l’Université de Montréal, 2007), qui a été précédé, la même année, par Éthique, culture religieuse, dialogue. Arguments pour un programme (Fides, 2007). Plus récemment encore, son livre Wanderer: Essai sur le voyage d’hiver de Franz Schubert (Éditions Nota Bene) a été couronné par le Prix du Gouverneur général (2011). Ses travaux antérieurs incluent des entretiens célèbres avec Raymond Klibansky, de nombreuses éditions et traductions savantes de textes grecs classiques, dont laRépublique de Platon en 2002, ainsi que de Plotin et de commentateurs grecs d’Aristote. Mais il a en outre publié abondamment sur des auteurs contemporains, autour de Jacques Derrida notamment, sous forme d’essais personnels et de collectifs dirigés en collaboration. Les lecteurs du quotidien Le Devoir savent combien il suit de près la pensée contemporaine. Si grand érudit qu’il soit, Georges Leroux a su néanmoins ne jamais privilégier une tour d’ivoire ou l’autre, s’avérant au contraire philosophe tout aussi profondément engagé dans la cité, à l’instar de Socrate.

Vidéo(s)

Informations supplémentaires

Source de la vidéo: http://montagnedesdieux.com/conference-georges-leroux/